L'Astrologie Pratique des Almanachs

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« Le grand calendrier et compost des bergers. » V. L. Costé (éditeur).

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« Le grand calendrier et compost des bergers. » V. L. Costé (éditeur).

Le Grand Calendrier et compost des bergers

Le Grand Calendrier et compost des bergers est un modèle pour d’autres almanachs, mais cet almanach aussi se distingue des autres parce qu’il semble être un ouvrage de référence qu’on peut garder pendant plusieurs années, alors que d’autres almanachs populaires n’étaient que gardé pendant une année (Drévillon 154). Les almanachs contenaient aussiles histoires religieuses et mythologiques, et cet almanach en particulier a contenu beaucoup d’écrits didactiques.

Le Grand Calendrier était alors non seulement un calendrier, mais aussi un almanach très pédagogique. La fonction de l’astrologie dans cet almanach était très liée aux histoires et à l’éducation du lecteur. Dans l’image à droite, on a un exemple d’une description des signes du zodiac, accompagné d’une image d’un berger, mais l’astrologie dans cet almanach n’est pas une astrologie des horoscopes ou des divertissements amusants. En fait, c’est un texte assez simple, qui n’a pas beaucoup de contenu qu’on pourrait critiquer comme étant hérétique. Alors, notre premier exemple de l’astrologie dans un almanach n’est pas loin de la religion chrétienne.

Drévillon note que :

« Pour l’essentiel du Grand Siècle, l’almanach-pronostic n’est donc pas, spécifiquement, destiné à un public rural et populaire. Trop d’indices suggèrent une lecture et un usage, sinon érudits, du moins nécessitant une certaine familiarité avec l’écrit » (158-159).

C’est-à-dire que les almanachs-pronostics avaient beaucoup d’écrits qui les rendent probablement moins compréhensibles au peuple général. Il semble que ces almanachs, comme le Grand Calendrier et compost des bergers, étaient destiné au peuple qui ne savait pas lire un almanach avec autant d’écriture. Alors, ces almanachs populaires étaient peut-être non pas seulement destinés aux bergers, par exemple, mais aussi à un public de niveaux divers. Ceux qui ne pouvaient pas lire avaient la possibilité d’interpréter les images.  

 

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Note qu’en 1700, le nom de cet almanach change de « Almanac ou calendrier pour l’année » à « Almanach Royal » alors cette édition est la dernière édition avec ce titre.

« Almanac ou calendrier... : exactement calculé sur l'elevation et le meridien de Paris... » 1699.

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L'Almanach Royal, édition de 1699

Dès le XVIe siècle, quand le grand auteur Rabelais a critiqué l’excès de la prophétie, on voit les racines d’une tension qui ne sera que de plus en plus marquée entre les croyances dans les prédictions des astrologues et la raison. Cet écart sera encore plus évident au XVIIIe siècle pendant la période des Lumières (Bollème 18-20). L’on soupçonnait que l’astrologie était un art de charlatanisme, mais l’astrologie était aussi très liée à la religion monothéiste. Dans son roman sur les almanachs populaires, Geneviève Bollème remarque que « …la magie ou la prophétie sont à la fois et finalement dominées par la crainte de Dieu et un bon usage et un développement de la raison humaine qui vont de pair » (20).

Au XVIIe siècle, l’astrologie est restée intégrale dans la vie du peuple en France. Une série des almanachs intitulés « l’Almanach Royal » qui contient des informations pratiques à propos des officiels de la Cour a toujours gardé quelques pages pour un chapitre astrologique.

En 1699, une édition de l’Almanach Royal était publiée avec une description de deux pages des saisons, suivie d’information sur les éclipses, des calendriers de chaque mois, et environ 60 pages de noms des officiels et courtisans de la Cour. 

À gauche, il y a les deux pages avec les descriptions des saisons, ce qui n’est pas très surprenant. Par exemple, l’almanach dit que le printemps sera « un peu froid et sec. » Ce genre de prédiction astrologique est tout à fait banal et pas très risqué.

 

 

 

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« Almanach royal... : exactement supputé sur le meridien de Paris...  »  1779.

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L'Almanach Royal, édition de 1779

Dans l’édition de 1779 de l’Almanach Royal, la description des saisons est beaucoup plus petite que celle de l’édition de 1699. Il n’y a qu’une page dédiée aux saisons, et environ 600 pages de listes d’information de la Cour, comme des naissances, ou des eaux et forêts de France. Cette édition est beaucoup plus grande, avec des pages nombreuses de listes des officiels de la Cour, que celle de 1699, mais l’almanach garde encore quelques pages pour l’astrologie et les calendriers, ce qui montre que l’astrologie n’est pas tombée en désuétude, même vers la fin du Siècle des Lumières.

C’est intéressant à noter que l’auteur du Calendrier de la Cour a dit que l’éditeur de l’Almanach Royal a exactement copié les chiffres du lever et du coucher de la lune de son almanach en 1717 (Sarazzin-Cani 423). Alors, il y avait des problèmes de plagiat dans les almanachs. La réputation de l’almanach dépend de la vérité de son calendrier et de ses informations astrologiques. Dans cette accusation, on voit un moment où les almanachs commencent à perdre leur intégrité.

 

 

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